Femmes artistes – peintres, poétesses, écrivaines, philosophes – de « la génération27 » en Espagne, elles partagent des idées avant-gardistes aux côtés de Dali ou Garcia Lorca, et se font appeler « Las Sinsombrero »(Les sans chapeau), pour avoir quitté leur chapeau imposé par la dictature, ce « corset intellectuel », les reléguant au rang seul d’épouses et de mères.
Elles se nomment María Teresa León, Ernestina de Champourcín, Rosa Chacel, Concha Méndez, Josefina de la Torre, María Zambrano, Maruja Mallo, Marga Gil Roësset… Elles ont toutes participé sans complexe à la vie intellectuelle espagnole entre les années 20et 30, et connu l’exil. La guerre civile marqua la fin de ce groupe de la génération 27, et comme double peine, aussi la condamnation de ces femmes à tomber dans l’oubli.Avec ce nouveau spectacle, je continue de mener une enquête sur « fond de quête ». Pensé comme le pendant de mon précédent spectacle dans lequel les personnages féminins choisissent de quitter leur vie pour aller vers une zone défendue, je souhaite écrire cette fois-ci pour ces femmes qui ont dû partir de force, et qui n’ont pas eu d’autre choix que d’attendre la fin de la dictature pour retourner en Espagne (certaines ne sont jamais revenues). Avec « Voilà d’où je viens », c’est une sorte de chemin inverse que je cherche à parcourir, en questionnant le sentiment d’appartenance à un territoire et à une lignée, que l’on en soit issu.e directement ou non. Par le lien très fort que j’entretiens avec ce pays, je désire ici rendre hommage aux pensées, aux actes de liberté et aux destins de ces femmes-là qui ont eu une influence réelle et déterminante sur la vie de bien d’autres femmes à leur époque et jusqu’à aujourd’hui.
« Quand je pense à ma vie, je la vois qui glisse Lentement, racontée par des lèvres étrangères Comme si ce n’était pas la mienne Comme si je n’avais jamais existé » María Teresa León