COMÉDIE POUR QUATRE ACTEURS TRISTES.
« « Est-ce que quand tu penses tu… tu penses à quoi ? Toi aussi tu dis tu penses à quoi quand t’es gêné devant le silence de l’autre ? Est-ce que si tu penses que tout va bien alors tout va bien ou alors quand tu penses « tout va bien », ça fait l’inverse et tout va mal ? Tu penses à quoi quand tu fais pipi ? Est-ce que t’as déjà dit« je t’aime » alors que tu le pensais pas ?Tu crois qu’une pensée peut faire l’amour à une autre ? Genre sauvagement ? Est-ce que quand tu te regardes dans le miroir tu peux te rappeler t’être regardé enfant dans le miroir et tu peux te rappeler ton visage ? Tu peux me dire une pensée que pourrait avoir un petit oiseau en langue d’oiseau ? Toi aussi tu voudrais avoir la« pensine » de Dumbledore pour avoir moins mal à la tête ? »
« Ne craignez pas d’être lent, craignez seulement d’être à l’arrêt. » Proverbe chinois !
« Après 7 ans d’existence du Collectif Zavtra, nous avons fait le constat que la plupart de nos projets étaient passés par des porteur.se.s de projets : des individualités qui proposaient un texte, une forme, une idée, et tout le collectif en entier le soutenait. Ça a donné de puissantes histoires, de grands processus de création, des voyages, des allers-retours, des divergences,des frictions, mais, peut-être, finalement, jamais un et même souffle mais plusieurs souffles, éparpillés, qui parfois se retrouvaient, parfois n’arrivaient pas à se retrouver, et qui parfois ont amené certaines personnes à prendre le grand vent, à sortir du collectif et créer leur propre compagnie. En regardant tout ça, on regrette rien, c’était beau, c’était fragile, c’était tremblant.C’est ça Zavtra, c’est ce drôle de bordel, pleins d’erreurs et de victoires.
Mais comment, alors, refaire sens dans cette utopie qu’était le collectif ? Comment se ré-approprier une sorte d’identité, ou repenser ces années, pour prendre une nouvelle route, plus intime, plus territoriale, et plus diffuse, c’est-à-dire collégiale et sereine ?
On a voulu, alors, imaginer un projet qui s’écrirait au fur et à mesure, collectivement, sans texte pré-existant. On a dégagé des thèmes, des concepts qui trottaient dans nos têtes, des mots-valises sur lesquels on pourrait commencer à réfléchir, à rêver, discuter et/ou critiquer.
Ces mots sont ceux-là : l’habitation, le rapport à la nature, le passage à l’âge adulte, traditions, modes de vies, habitudes, contradictions, désirs.
On a fait une petite psychanalyse, comme tout bon adulte qui se respecte : on s’est retrouvé au milieu des bois, on s’est posé sur une grande table, et là on s’est regardé et la première question qui est venu c’est « et vous, vous vous sentez adulte maintenant ? … mais ça veut dire quoi adulte ? »…plus je dis adulte, adulte, adulte, adulte, adulte, adulte, adulte, adulte, plus ça veut plus dire grand chose.
« Le grand écart je ne sais pas faire.
On se lève un matin, émerveillé par les grosses joues roses d’un enfant.Et on se lève l’autre matin, dévasté par la disparition de la personne qui, il y a quelque temps alors,était émerveillé par les grosses joues roses d’un enfant.Je ne sais pas faire le grand écart.Je me regarde entre les temps, entre une jeunesse encore vive et une vie bien entamée.J’ai plein d’envies, et tellement de chantiers.Je me sens un enfant, pourtant tout me fatigue, tout m’agace, le monde m’agace, je suis désillusionné, pourtant je rêve, je flâne, j’invente, j’infantilise. Notre métier est d’infantiliser. De s’amuser à décortiquer la vie, proposer un pas de côté.Mais face au monde sérieux de l’adulte, je ne suis pas accueilli, trop de « responsabilitisation », de comptes, beaucoup de comptes.J’aimerais vivre dans le monde utopique que je me construis, là haut dans ma petite tête.Un monde ou finalement on n’aurait pas besoin de gens comme moi, pour rappeler les beautés du monde, et je pourrais passer plus de temps à l’intérieur de cette beauté, me balader en forêt et festoyer. »
Le Collectif Zavtra, implanté à Limoges, existe depuis 2014.« Zavtra » qui veut dire « Demain »en russe, est un collectif issu de la septième promotion de l’Académie – École Supérieure Professionnelle de Théâtre du Limousin dirigée alors par Anton Kouznetsov.C’est un collectif d’acteurs et d’actrices. Un groupe de gamins et de gamines qui se sont rencontrés et ont appris à travailler ensemble. En partageant les tâches, sans metteur en scène attitré, en s’écoutant et en s’aidant pour porter les projets de chacun et de chacune.