Des paroles de femmes, femmes reconnues ou anonymes, paroles entendues ou inédites, résonnent en écho à la voix du violon qui porte des musiques de compositrices oubliées ou méconnues.
Dire aussi pour celles qui ne le peuvent pas, faire entendre les mots des autrices et des poétesses, porter au cœur des uns les images sensibles des unes. Amies inconnues ou compagnes de toujours, soeurs de régions proches ou lointaines, mais sœurs d’un pays commun, celui des mots qui attrapent les étoiles entre le pouce et l’index.
« …j’ai été gardienne de petits fous, avant, quand j’étais classée chez les normaux. C’était mon travail. Je m’occupais de cinquante petits débiles, les petits mongoliens vêtus du tablier uniforme bleu.
« Pas de problème, m’avait dit la directrice de l’orphelinat, vous les attachez et vous avez la paix. Un travail facile, vous verrez, de tout repos…Vous comprenez, le salaire, n’est-ce pas, c’est qu’on est une œuvre de bienfaisance…» …Mon premier geste était d’attacher les petits fous aux chaises avec leur ceinture, double nœud solide, l’estomac de l’enfant comprimé. En cas d’inspection imprévue, la classe avait l’air sage. »
Emma Santos – extrait de La Malcastrée